« - Maman ... Moi aussi un jour tu m'abandonneras toute seule avec de nouvelles personnes ? » Un sourire apparut sur les lèvres de la prénommée 'maman' tandis qu'une brunette âgée d'une demi douzaine d'années la regardait d'un air interrogateur, déglutissant tout en appréhendant un peu la réponse de sa génitrice.
« - C'est différent, mon étoile. On ne peut pas garder ce bébé avec nous, il a encore besoin de sa maman pour l'instant. » La fillette hocha la tête, caressant doucement le melon du bébé dauphin. Celui-ci eut un petit geste de contentement et ne tarda pas à suivre sa mère lorsque celle-ci émit un léger sifflement, comme pour lui intimer de la suivre.
« - Je sais que tu l'aimais déjà beaucoup, Erika, mais si tu veux un animal, je préfère le choisir moi-même. Les trois quarts des cétacés sont des compagnons adorables mais tu aurais également pu tomber sur un ayant de mauvaises intentions. » La brunette pencha la tête et finit par pousser un soupir en acquiesçant, n'appréciant pas réellement de devoir avouer que sa mère avait raison mais étant bien contrainte de l'admettre. Un sourire radieux revint pourtant peu de temps après sur son visage lorsque les paroles précédentes de sa mère lui revinrent en tête.
« - Donc ça veut dire que je peux avoir mon propre animal malgré tout ? » S'avouant vaincue à son tour, Kaitlyn de Nisaea hocha la tête, provoquant un cri de joie de la part de sa plus jeune fille. Comme d'habitude depuis la naissance de la petite, elle n'avait pas réussi à lui tenir tête en lui disant 'non', pour la plus grande satisfaction de sa fille, évidement.
Entendant de l'agitation, Erika n'avait pas hésité à se diriger droit sur l'origine du bruit aussi vite qu'elle le pouvait. A entendre la façon dont les bruits de l'océan raisonnaient, elle était déjà parfaitement convaincue du spectacle qui allait l'attendre. Le coeur battant dans sa poitrine, elle arriva finalement à un ou deux petits mètres de l'endroit où se déroulait l'attaque et elle hésita un petit moment avant de franchir la mince barrière que formaient les algues juste devant elle. Cela faisait environ une bonne heure qu'elle chassait avec Isabella, sa soeur aînée, et elle ne s'était pas plus inquiétée que ça en ne l'ayant plus eue à vue depuis un bon quart d'heure, se disant qu'elle s'était sans doute concentrée sur un poisson qui lui servirait de dîner.
Et pourtant. Ironie du sort, c'était la jeune femme qui se retrouvait prise entre les mâchoires d'un énorme requin qui ne semblait pas décidé à lâcher prise. Et, avant qu'Erika n'aie pu tenter un seul geste pour secourir la blondinette, l'animal ne fit plus qu'une bouchée de cette dernière, sous le regard choqué de sa cadette qui avait malgré tout eu le réflexe de s'écarter suffisamment loin que pour l'animal ne s'en prenne pas à elle également. Lorsque celui-ci prit la fuite, elle se décida enfin à s'approcher des restes du corps de sa soeur, les larmes lui étant instantanément montées aux yeux. Elle était tellement sous le choc qu'elle ne pensait même pas à savoir comment elle allait pouvoir apprendre ça à ses parents. Certes, ses relations avec Isabella n'avaient jamais été excellentes et des tensions s'étaient toujours faites ressentir, de la rivalité également, ... mais elle restait sa soeur quoi qu'il arrive.
« - Je te promets que tu seras fière de moi, Isa'. De ce que je deviendrai.. Je ferai en sorte de rendre honneur à ta mémoire et de rester dans le droit chemin.. d'être quelqu'un de bien. » murmura la sirène, la voix étreinte par l'émotion tandis qu'elle ramassait le fétiche collier de coquillages que son aînée ne quittait jamais de son vivant et qui venait de basculer dans la lutte pour atterrir dans le sable au fin fond de l'océan.
Je ne me serai jamais imaginée devenir mère à seulement dix-neuf ans. Surtout que je n'avais plus eu aucune trace de son père, mon petit-ami, depuis deux bonnes semaines déjà. Personne n'avait retrouvé son corps en prouvant qu'il avait été victime d'une attaque ou autre, il n'était simplement plus venu du jour au lendemain, ce qui n'était vraiment pas dans ses habitudes. Sans doute avait-il été attrapé pour être emmené au dôme, tout comme mon frère l'avait été quelques mois auparavant, sans que j'en sache réellement la raison exacte. Connaissant sa naïveté et son aptitude à faire confiance à tout le monde, ça ne m'étonnerait pas qu'il aie été victime d'une trahison de la part d'une humaine dont il se serait entiché, ou d'un soi-disant ami. Et pourtant, moi qui m'était imaginée ne jamais réussir à m'occuper d'un enfant seule m'était pourtant débrouillée.
D'un sens, ce n'est pas non plus comme si j'avais vraiment eu le choix, me voyant mal abandonner ma fille aux soins de ma mère, mais l'instinct maternel m'avait frappé dés que j'avais croisé le regard de ma progéniture la première fois. Encore aujourd'hui son regard bleu océan, son crâne déjà bien chevelu à l'heure actuelle pour un enfant d'un an et sa façon de sourire comme jamais dés qu'elle aperçoit quelqu'un qui est dans son cercle de personnes proches n'a rien d'égal. Et puis.. Elle est la seule personne qui me voit telle que je suis, sans que je sois froide ou agressive comme je le suis avec quasiment tout le monde.