Et si les contes de fée avaient raison ?

« On raconte souvent des légendes sur les sirènes. Ces êtres qui étaient d’abord, selon certains, mi-femme mi-oiseau, puis de vulgaires femmes mi-poissons. Démones rendant les marins fous pour les noyer, elles n’ont jamais eu bonne réputation. Et pourtant, ces êtres exceptionnels ont toujours déchaîné les passions ! Nombre de personnes ont essayé d’en trouver, ou ont inventé des histoires plus tordues les unes que les autres en les imaginant. Mais tout ce qu’ils ont pu ne serait-ce que penser n’est que le 10ème de ce que ce monde fabuleux a à offrir aux pauvres mortels que nous sommes ! Je vous avais promis, mes amis, de créer un univers si fabuleux que personne ne voudrait plus jamais en repartir ! Je vous avais assuré que tout serait fait pour vous offrir un lieu unique ! Cette promesse est maintenant devenue une réalité ! Bienvenue à OHEHALA HAINA. »

L’immense drap qui entourait le parc d’attraction, maintenu par des dizaines d’hélicoptères, tomba sous l’annonce tonitruante de Stefan Montgomery. La stupeur et l’émerveillement régnaient parmi les invités prestigieux et les curieux venus admirer ce dôme dont on cachait tout aux habitants de Santa-Barbara.

« Dès à présent, vous pourrez vous prélasser en vous promenant sur notre plage privée, vous amuser en découvrant toutes nos attractions, vous régaler en dégustant des plats dans nos restaurants étoilés ! Mais surtout vous pourrez vous évader en découvrant notre Lagune aux Sirènes ! »

Les gens restèrent interdits. Avaient-ils bien compris ? Montgomery les invita à le suivre alors que les portes d’OH s’ouvraient pour laisser entrer la foule en son sein. Le parc était recouvert d’une immense verrière et tous les décors avaient été pensés pour donner l’impression aux visiteurs de se promener dans les profondeurs de l’océan. Après une quinzaine de minutes de marche, il les mena au cœur de l’attraction. Un immense aquarium central et cylindrique trônait là, à ses côtés, des escaliers pouvant mener les curieux à son sommet ; dans ses entrailles, des poissons, cétacés et autres crustacés. Des mouvements furtifs et enfin la première sirène fit son apparition. Elle avait une magnifique nageoire dorée et de longs cheveux blonds légèrement ondulés.

Bien sûr, on cria au scandale, c’était forcément faux… mais même après plusieurs contrôles, le constat était le même. La lagune contenait de vraies sirènes. Ohehala Haina n’attira pas que la sympathie et la curiosité, les défenseurs des créatures marines s’insurgèrent ! Comment pouvait-on user des sirènes, ces êtres si mythiques et légendaires de la sorte pour être l’attraction principale d’un vulgaire site touristique ? Malgré ça, aucun pays n’avait jamais créé de législation sur ces étranges animaux, personne n’en avait jamais ramené une vivante…

Montgomery chassait les sirènes depuis ses 20 ans, décidé à prouver un jour leur existence, il avait enfin réussi et pendant 15 ans il avait tenu des sirènes captives dans un laboratoire secret afin de les étudier et de les connaître par cœur. Il avait enfin réussi à trouver le moyen de les faire vivre hors de l’océan dans un habitat entièrement reconstitué. Son rêve était devenu vrai. Depuis 10 ans déjà, OH faisait la fierté de sa ville car malgré un grand nombre de copieurs, il restait le seul parc capable de conserver ses créatures en vie et en bonne santé. La chasse à la sirène redoubla d’intensité. Ces peuples qui vivaient paisiblement jusqu’alors devinrent recherchés et l’océan devint un endroit peu sûr pour eux. Malgré tout, il reste encore un grand nombre de sirènes libres et leur existence divise les mœurs et les idéaux des hommes, scindant Santa-Barbara et le reste du monde. Le parc faisait la gloire de la ville et rassemblait depuis toutes ses années de plus en plus de curieux.