L'air était pur, l'eau était calme. Le bruit des vagues était apaisant. Calmant mon coeur, mon esprit. Sur mon rocher, je regardais, au loin, le soleil se lever. Laissant sur son passage un horizon orangé. La paix revenait peu à peu dans ma vie après la disparition de ma tendre mère. Des pêcheurs, des scientifiques, des ignares. Je rêvais autrefois d'une vie paisible entre nous autres sirènes et les bipèdes. Malheureusement, deux peuples sur une même planète entraînaient parfois des tensions. L'incompréhension d'un peuple envers un autre. Je voulais plus que tout que cela cesse. Les enfants, comme les parents ne devaient pas connaître la même douleur que j'avais bien pu ressentir tendis que j'avais à peine douze ans.

Je secouais la tête. Me vidant de nouveau l'esprit, je me laissais une fois de plus bercée par les vagues. Enfin, une ombre apparut sous l'eau avant de laisser apparaître un vieil homme. Mon père. Il avait surement dû remarquer une fois de plus ma disparition. Je soupirais longuement et le laissais m'entraîner dans l'eau fraîche et claire. « Eun-Ae ! Je t'avais dit de ne plus t'éloigner ainsi. » Sa voix était dure, grave mais, je pouvais y déceler un soupçon d'inquiétude. J'étais une aventurière, une exploratrice. Je devais m'éloigner afin d'apaiser mon esprit, mais il n'arrivait pas à comprendre. Il ne m'avait jamais comprise. C'était nos prises de têtes qui me rappelaient la disparition de ma tendre mère. Je savais qu'il ne pensait qu'à mon bien, enfin je tentais de m'en persuader. M'agrippant le bras, il ne me laissa aucunement le choix de rentrer ou non. Mon coeur s'agitait de nouveau. Que faire ? « Père, vous me faites mal. » lançais-je en tentant désespérément de me défaire de son étreinte. Il était trop fort, il l'avait toujours été et ma réplique n'arrangea absolument rien. Il resserra sa poigne de fer et accéléra sa course. Soudain, il se stoppa. Me percutant contre lui, je fis ma moue habituelle lorsque j'étais fâchée. Se retournant, je vis son visage endurci et sombre. Cette vision me fit frissonner. « Pourquoi ressembles-tu tant à ta mère. »  Bafouilla-t-il dans sa barbe avant de s'éloigner seul dans les profondeurs de l'océan.

Le sourire aux lèvres, je fonçais. Je voulais devenir aventurière et j'avais été servie. Une épave. Comment pouvais-je y résister? A seize ans, j'avais toujours mon âme d'enfant. Ce trait de caractère avait peu à peu rendu le sourire à mon père, mais il aurait préféré que j'abandonne le côté intrépide. Malheureusement pour lui, c'était plus fort que moi. L'aventure m'appelait, tout comme cet épave et dans un moindre degrés ce REQUINNN. Celui qui me poursuivait depuis des brasses maintenant. Nom d'un phytoplancton ! J'avais trouvé plus têtu que moi. Enfin, j'avais beau être l'une des plus rapide et des plus endurante de ma famille, je ne pourrais pas fuir éternellement. Je tentais de passer par les chemins les plus étroits afin de semer mon poursuivant, sans réel réussite. J'aimais me dire forte, mais ce genre de situation mettait en avance davantage de mes faiblesses. Je détestais ce type de situations. J'avais ma fierté après tout et je n'avouais pas à n'importe qui que j'avais une peur bleue des requins. Ils étaient toujours grands, violent et je ne parlais même pas de leur dent. Pointus, bien qu'incroyablement blanches. Passons, il fallait mieux ne pas s'attarder sur ces détails et surtout en ce moment.

Agitant davantage ma nageoire aux écailles bleues, devenant encore plus rapide. Le requin commençait peu à peu à s'affaiblir et je profitais de ces moments de faiblesses pour me glisser dans un trou. Mon prédateur passait devant mon refuge, encore et encore. Je restais, là, aussi immobile et calme qu'il m'était possible d'être. Ce n'était pas mon fort et une grande concentration m'était demandée pour y parvenir. Le silence était revenu. Je n'osais cependant pas sortir de ma cachette. Était-il vraiment parti? Après tout, il s'était montré particulièrement têtu à mon égard. Rassemblant mon courage, je sortis lentement et avec précaution mon visage du trou. Je regardais de chaque côté. Évacuant de ma cachette, je m'enfonçais dans les ténèbres de l'océan tout en jetant de tant à autre un coup d’œil derrière moi.

Les ténèbres tombaient sur ce côté de la planète. Mon peuple commençait à se dire bonsoir, ce que j'aurais dû faire également. Mais, je m'étais juré de retrouver ce mystérieux cousin. Il vivait parmi les Hommes qui marchaient sur la terre. Ce détail m'avaient rendu davantage curieuse. Je voulais le rencontrer, lui demander comment était ce monde étrange. Enfin, plus que tout, je voulais rassembler ma famille, mais ce fait n'était pas obligatoire. Après tout, je n'allais pas forcer une personne que je connaissais à peine à me suivre au fond de l'océan. Je serais complètement à côté de mon huître. Enfin, je souhaitais juste le rencontrer. Je partis en excursion, sans le dire à mon père bien entendu. J'avais beau avoir vingt ans à présent, il me surprotégeait toujours autant que durant mon enfance et ce surtout depuis l'épisode du requin.

Je m'étais rendu à une ville nommée Santa Barbara. Celle-ci éclairait comme une centaine d'algues phosphorescentes. Des personnes s'amusaient sur la plage. Je restais, là, cachée avec uniquement la tête qui sortait de l'eau. J'observais longuement chacun des Hommes, recherchant la marque de naissance familiale. C'était difficile, il y en avait tellement et il faisait si sombre. Je gardais espoir. Je trouverais ce cousin.

Le temps défilait. Je fatiguais et pourtant je n'avais pas pu trouver celui que j'étais venue rencontrer. Je m'étais déposée au fond de l'eau, sur un rocher peu confortable. Je tombais dans un profond sommeil, trop profond sommeil et le cauchemar ne faisait que commencer.