Lorsque j’étais une petite fille, je croyais en tout. Je croyais aux contes de fées, aux chevaliers, aux princesses, aux licornes, aux dragons et – aussi – aux sirènes. Toutefois, en vieillissant, j’avais appris que la vie n’était pas aussi rose.
J’étais née en France, mais avais rapidement déménagé aux États-Unis. Ma mère était française et mon père américain. Celui-ci avait dû travailler pendant plusieurs mois en France et c’était à ce moment qu’il avait rencontré ma mère. Leur rencontre avait été tardive et mes parents avaient déjà dans la trentaine lorsqu’ils m’avaient eu. Nous étions donc arrivés aux États-Unis quelques années après ma naissance, juste à temps pour accueillir ma sœur, trois ans plus jeune que moi.
Nous nous retrouvâmes donc, petite famille de quatre, sur la côte ouest américaine, sous le soleil doré de la Californie. Je devais l’avouer, côté température, cet endroit était beaucoup plus agréable que le nord de la France. Je grandis donc assez rapidement, sans trop de problème. Ma sœur et moi étions de typiques sœurs, se détestant une seconde et l’autre s’adorant. Finalement j’entrai au lycée et ma vie changea. Je rencontrai alors un jeune homme du nom de Rubi, séduisant et romantique à la fois. Il me plaisait de loin, par contre. Comment pourrais-je l’approcher ? Il était si beau, mais si intouchable en même temps. Toutes les filles devaient rêver de lui…
Et puis un miracle se produisit. Il me demanda si je voulais me mettre en équipe avec lui pour un projet. Moi ? Pouvait-il vraiment s’intéresser à moi ? Être ensemble pour un projet signifiait-il quelque chose réellement ? Bref, je finis par accepter et depuis ce jour nous fûmes amis. Les choses se compliquèrent lorsque mes sentiments se développèrent, étant toujours certaine que Rubi ne pouvait ressentir la même chose pour moi, malgré ses constantes affections. Puis il me demanda si je voulais aller à la danse de fin d’année avec lui et j’acceptai. Les choses étaient ambiguës, mais lorsqu’il m’embrassa, à la fin de la danse, je compris que je ne pourrais plus jamais quitter le côté de cet homme.

« Je le veux. » Nous nous étions mariés sans l’approbation de mes parents. Toutefois, ma sœur avait été présente à la petite cérémonie. C’était assez fou de penser que nous nous étions mariés à peine sortit du lycée. Pourquoi, je gardais cette certitude que Rubi était l’homme de ma vie et que je ne pourrais vivre sans lui.
À vingt ans, nous avions eu notre premier enfant : une petite fille du nom d’Orphée. Les choses n’allaient pas si mal, nous vivions notre rêve. Je continuais toutefois à faire mes études, mes parents ayant terminés par accepter la situation. Ils s’occupaient parfois de notre fille tandis que j’étais en cours. Quatre ans plus tard, c’était au tour d’Elijah de voir le jour. Toutefois, les choses commençaient à se compliquer. Les Montgomery avaient ouvert un parc d’attraction avec des sirènes et mon mari était toujours prit par ses nouvelles responsabilités. Il ne passait plus de temps à la maison, était toujours rendu à l’aquarium, à passer du temps avec ses sirènes. Je trouvais cette idée complètement folle, voire même dangereuse pour nos enfants. Nous ne connaissions rien de ce monde et voulions le contrôler. C’était typiquement humain. Après plusieurs années de réflexion et de suspicions, je décidai alors qu’il en était assez. Rubi ne pouvait s’occuper des enfants, alors j’étais mieux de le faire moi-même. Je travaillais à l’époque comme chirurgienne à l’hôpital et même si j’avais un horaire assez demandant, je trouvais toujours le moyen de passer du temps avec mes enfants, qui grandissaient à vu d’œil. Mais pas Rubi. Il préférait ses poissons et ses animaux marins à ses enfants… Du moins, c’était ce que je voyais. Je lui ai donc dit un jour qu’il n’avait même pas besoin de choisir entre nous et l’aquarium, qu’il pouvait tout simplement partir. Que je n’avais plus envie de le voir. Alors il a fait sa valise et il est partit. Je me suis armée d’avocat et ait gagné ma bataille, finissant par avoir la garde complète des enfants.

Ma vie est toutefois vide de sens depuis que j’ai divorcé d’avec Rubi. Je l’ai foutu dehors non parce que je ne l’aimais plus, mais parce que je ne pouvais plus supporter de l’attendre. Il pouvait me rendre heureuse si facilement en me faisait une surprise, mais ne le faisait plus. J’avais des attentes immenses envers lui et passait le plus clair de mon temps à être déçue. Voilà pourquoi je l’avais mis dehors. Pourtant, au fond de moi, je savais que je l’aimais encore. Mais il fallait que je me batte pour mes enfants. Ceux-ci devaient avoir une vie décente, non pas menée dans un parc d’attraction avec des sirènes et des créatures mythiques. Toutefois, les enfants aimaient y aller, malgré mes protestations, et je me trouvais donc obligée à y faire un tour de temps à autre…
Puis tout récemment, j’ai appris deux nouvelles. Une bonne et une mauvaise. La bonne : j’avais finalement eu le poste de professeur en chirurgie à l’Université que j’avais toujours convoité. La mauvaise : Rubi voulait retourner en cours pour la garde des enfants. Dans quel pétrin étais-je donc ?