Première Haina.

Il était tard, nous étions le soir : tout le monde dormait... je repensais une nouvelle fois à ma vie et aux détails de celle-ci. Une larme perla sur ma joue et je ne pu m'empêcher de fermer les yeux, de peur que mon père ne me voit une nouvelle fois pleurer et qu'il me traire de lâche. Il avait toujours très dur avec moi. Je n'ai, par ailleurs, jamais compris pourquoi. Quand je lui demandais, il me disait que c'était pour mon bien. C'est cela et moi je suis un calamar géant. « Née le onze septembre mille neuf cent quatre-vingt treize, non loin du fabuleux pays qu'est le Mexique : dans l'océan Pacifique, en Amérique du Nord. Le peuple Niseae est le clan où figure mes parents et mes ancêtres depuis des générations. Ce peuple était une sorte de club de guerriers, qui sont en adorations devant les zones chaudes. S'il y a une chose à savoir sur moi, c'est que je préfère largement les zones tempérées. Tout ce qui est trop chaud n'est pas forcément mauvais, mais les zones où ils résidaient étaient bien trop de température élevée pour moi. On ne dirait pas, mais étant petite, j'étais très fragile. J'étais une enfant faible, délaissée. Mon père ne s’inquiétait pas à mon sujet, il me reprochait la mort de ma mère ? Je n'ai jamais su pourquoi il m'en voulait, ni la façon dont elle est morte. Une fois même j'ai essayé de fuguer, mais j'étais très jeune et j'avais bien trop peur de naviguer seule dans un océan aussi grand : je suis, par conséquent, retournée auprès d'eux. Quelle énorme bêtise, j'aurais partir pour de bon. Ils n'avaient même pas remarqué mon absence, cela m'avait une fois plus profondément blessé. Je me suis jurée que lorsque je serais plus grande et plus courageuse, je m'en irais. Rester avec mon père et les autres membres du clan Niseae (des gens que je méprisais, ils étaient beaucoup trop sérieux), ne me servait strictement à rien. Je ne comptais pas pour eux et vis-versa. » Je me levais, histoire de vérifier que tout le monde était toujours en train de dormir : c'était le cas. Je me recouchais, sereine et à tête reposer. Cela pouvait paraître étrange, mais penser à cela me faisait du bien, j'avais besoin de faire le tri pour laisser le vide s’installer en moi pour dormir. Une fois cela accompli, je m'endormis.

Second Haina.

J'étais là, assise sur un rocher, me dorant la queue au soleil en chantonnant une mélodie que ma mère fredonnait souvent. J'étais libre, enfin. C'était comme si le moment que j'avais tant espéré venait de se dérouler. J'avais pris mon courage à deux mains et j'avais pris la fuite. Certains vous diront que de suivre n'est pas un acte courageux, mais selon moi, il faut tout de même faire preuve d'un certain courage pour fuir son clan et se retrouver seule à naviguer à travers l'océan. Cela peut s’avérer très dangereux. Quand bien même, une fois un requin m'a poursuivi durant deux heures : j'ai eu énormément de mal à le semer. C'était juste après avoir quitté le peuple des Niseae, je n'avais pas eu de chance sur ce coup, mais heureusement que je m'en suis sortie vivante. Quel était mon but maintenant que j'étais une sirène libre et solitaire ? Rejoindre le clan d'Okeanos. Tout ce qu'on avait pu me dire sur ce clan était bénéfique, il me correspondait entièrement. J'avais vraiment envie de les voir, discuter avec eux et être l'un de leurs membres. Ils aiment faire la fête, tout comme moi. On peut dire qu'eux, ils savaient s'amuser, pas comme comme ses coincés de guerriers de Niseae. Ils adoraient vivre dans des zones tempérées, moi de même. Je commençais à croire que j'étais faite pour les rejoindre. Parcourir les océans pour les retrouver, du moins en retrouver un clan d'Okeanos n'était pas une tâche facile, mais pas impossible. J'avais la foi et j'étais déterminée, c'était certain.

Troisième Haina.

A présent, j'étais un membre à part entière du clan d'Okeanos. Je n'en loupais pas une pour m'amuser et faire les cents coups à mes amis. J'avais bien dit mes amis, oui, j'en avais finalement trouvé. J'étais à présent heureuse et seine d'esprit : j'étais bien dans ma peau. Depuis mon arrivée, je n'avais pas eu de nouvelles de mon père et de mon ancien clan. Un clan dont mes ancêtres faisaient partis depuis des générations et j'avais brisé la règle, comme je l'avais toujours voulu. Pour une fois, j'avais pris des initiatives et j'avais fait mes propres choix. J'étais fière de moi et croyez-moi, il y avait de quoi. Maintenant que j'étais à ma place, j'avais toujours eu un rêve. Lequel ? Celui d'aller visiter le monde des humains, sur la Terre ferme. Le peu de rumeurs, les coutumes et les traditions que j'avais entendues me plaisaient vraiment. Je n'y avais encore jamais mis les pieds, mais cela me faisait rêver. Certains penseront que c'était peut-être idiot qu'une sirène envie les humains, mais il faut croire que j'étais assez étrange et alors ? Je savais qu'il était impossible de posséder un jour une belle pair de jambe, courir dans le sable chaud, mais cela ne m'empêchait pas d'espérer. En attendant, je préférais m'amuser et profiter ma vie un maximum, je faisais toujours la fête, n'hésitant pas à ouvrir ma grande bouche pour faire savoir aux autres ce que je pensais d'eux et que s'ils avaient un truc à me dire qu'ils viennent me voir en face. Le pire dans l'histoire, c'est qu'il ne le prenait même pas mal, puisqu'ils n'hésitaient pas à faire la même chose. J'étais fière de ma vie, pour la première fois.